4/10/2006

samedi 8 avril : le générique et la première scène

Ce qui me frappe dans le générique du film, c'est d'abord une certaine mélancolie.

A quoi tient-elle ?
- essentiellement à la musique ;
- et au long travelling (aux lignes ondulées et aux fondus enchaînés) qui part du port et qui arrive à la porte de la maison de la victime : une jeune fille, Raphaëlle Pelissier, qui venait d'avoir 21 ans et se destinait à la profession de styliste ;
- à la lente apparition des couleurs, du jour et de la présence humaine, comme si on quittait à regret un autre monde.
- Et également à l'attitude du policier (à droite de l'écran),
- ainsi qu'à une certaine absence de Philippe, au ton de sa voix, sa manière de parler, notamment avec sa mère... Et à son attachement trouble pour cette statue de pierre qui représente le visage d'une femme.

Ce qui me frappe ensuite, c'est que nous sommes entraînés, attirés vers le lieu d'un drame, mais que l'entrée dans ce lieu, dans ce drame nous est interdit. Mais on verra qu'il n'est que refoulé, et il reviendra au coeur de la nouvelle histoire.

Nous sommes donc conduits à la porte d'une maison où a lieu un drame (C'est ici, 5 rue des Argonautes, que Raphaëlle Pelissier a été vue pour la dernière fois).
On ne peut pas y entrer : un policier bloque le passage.











La télévision ne peut pas nous en apprendre d'avantage : l'autre policier bouche l'objectif de la caméra (faites votre travail correctement dit la police à la télé).La liaison est interrompue avec le studio (Ah, visiblement, nous avons un petit problème de liaison avec Nathalie Dumont).
Nous sommes entrés dans une autre maison, dans une autre histoire. Là, c'est Philippe qui éteint la télé alors que ses deux soeurs veulent la regarder. Le "drame" dans cette maison est beaucoup plus quotidien : il s'agit de se préparer pour aller dîner avec le futur mari de la mère des trois enfants.
Philippe apparaît comme l'homme de la maison (le père est absent, la mère est plutôt enfantine) et comme le personnage le plus sensé, le plus posé. Il est plein d'attention avec sa mère, il reproche à ses soeurs d'être -successivement- comme deux vampires puis deux ficus - et quand on les voit, on ne peut pas s'empêcher de lui donner raison.Il a un travail, il apporte de l'argent à la maison, il n'a pas un anneau dans le nez comme Patricia, il n'a pas un chien sur les genoux comme Sophie, bref, quelqu'un de bien... Mais on devine en lui une fêlure quand il s'agit de Flore.A la place de l'histoire du drame (une jeune femme enlevée, peut-être morte, peut-être violée) nous avons donc une autre histoire : une famille petite-bourgeoise, la rencontre avec l'homme (il gagne bien sa vie) que la mère -coiffeuse à domicile, qui roule à mobylette - va peut-être épouser.

Il y a la coexistence d'une réalité quotidienne, triviale (la télé, l'ameublement de la maison, la pizzeria...) et d'un certain fantastique.On sait que Chabrol aime bien contrarier ce qui est posé dans la première scène de ses films.
Philippe ne veut pas s'intéresser à l'histoire de Raphaëlle. Pourtant cette histoire va revenir à lui comme un boomerang. Mais pour l'instant, à la fin de la première scène, toute la famille est réunie dans le même plan. Exactement comme à la fin de la première scène de Merci pour le chocolat (ci-dessous).On redouble d'attentions : On peut bien faire ça pour maman. Tu es gentil... Toi aussi tu es gentille... Tu es beau comme un astre ! Vous êtes belles comme des anges ! En somme, tout le monde est beau, tout le monde est gentil. Quand on connaît Chabrol, on se doute que ça ne peut pas durer car les mots trop doux, trop insistants cachent forcément une réalité moins rose.